Il naquit dans le petit village de Isumi au nord d’Okinawa le 5 mai 1877, dans une famille de modestes paysans.
Son père était un homme doux qui se faisait souvent ennuyer par ses voisins.
Aussi, le jeune Kambun décida d’apprendre à se défendre pour gagner le respect des autres.
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Afin d’éviter la conscription et ainsi servir l’armée japonaise qui occupait Okinawa, que Kambun Uechi s’en alla en Chine en 1897 dans la province de Fukien.
Il rencontra le maître Zhou Zihe (1874-1926) ou Chou Tsu-Ho, et Shu Shiwa en dialecte okinawaïs.
Ce dernier était un prêtre bouddhiste issu d’une famille riche de Nanyu (Nanko-chin Shibata) dans la province de Fuhzou.
Il avait reçu une formation martiale au temple de Shaolin, où il avait d’abord étudié les écoles du Sud (Nanaquan), puis le style du tigre (Huquan), du dragon (longquan). Il était également un maître de calligraphie et de peinture. Il fabriquait des médicaments à base d’herbes médicinales, avec lesquels il gagnait sa vie. Il était réputé pour sa grande force physique.
Il avait également tissé des liens avec des sociétés secrètes chinoises (Huidang) dont le but était de rétablir la dynastie Ming.
Il enseignait le Pangai noon, qui signifie mi-dûr, mi-doux, école est basée sur les boxes du tigre, du dragon, et de la grue.
Ce style utilisait essentiellement les frappes avec la main ouverte. On y pratiquait les piques de doigts, la frappe de la paume, du poing à une phalange, ainsi que celle du pouce plié. Les rares coups de pieds servaient à frapper la cheville ou le genou.

Le maître faisait passer Kambun à étudier une technique pendant trois mois avant de passer à la suivante.
Kambun fut capable d’arracher l’écorce des arbres avec deux doigts, ou de casser une planche de la pointe des orteils.
Cela demeure encore actuellement une spécialité du style Uechi-ryu.
Au bout de dix années Zhou Zihe permit à Kambun d’enseigner. Il était extrêmement rare qu’un étranger puisse enseigner un art chinois sur le sol chinois, et de surcroît être respecté comme un homologue par les maîtres chinois.
Kambun Uechi ouvrit une école à Nanchon, une ville dans la province de Fukien, où il enseigna pendant trois ans.
Maître Zhou Zihe mourut en 1926 d’une pénible maladie à l’âge de 52 ans.

Un jour, un des élèves de Uechi tua un homme qui lui avait volé de l’eau. On reprocha à Kambun Uechi de ne pas avoir appris à ses élèves à contrôler sa force. Profondément blessé, il revint s’installer à Okinawa en 1910, après 13 années d’existence en Chine.
Malgré sa réputation martiale, il refusa de dévoiler ses techniques, et voulut se faire oublier, se maria et s’installa au nord de l’île où il devint paysan. Sa discrétion et sa réclusion volontaire ne firent que renforcer son image d’homme sage et fort.
Un jour un ancien élève chinois vint s’établir à Naha, afin de faire du commerce de thé. Il lui fit une telle publicité qu’il fut obligé de se produire lors d’une fête des arts martiaux. Tous les maîtres locaux firent une démonstration publique, et Kambun Uechi exécuta le kata « Seisan ». Ce dernier fut si rapide et puissant que l’assistance fut médusée devant sa prestation.
Maître Itosu lui demanda de le rejoindre en tant que responsable d’un collège d’enseignants d’Okinawa-te.

Las des jalousies et des diverses pressions d’autres maîtres d’Okinawa-te, Kambun Uechi décida de partir en 1924 à Wakayama au Japon avec son jeune fils Kanei, né le 26 juin 1911. Il rencontra un compatriote du nom de Ryuyu Tomoyose. Ce dernier connaissait la réputation de Uechi. Désirant en savoir plus à propos de son art, il lui raconta qu’il s’était fait agresser et qu’il n’avait pas pu terrasser son adversaire. Uechi lui montra comment il aurait dû faire. C’est ainsi que Tomoyose continua à inventer d’autres histoires d’agressions afin de lui soutirer d’autres informations. Uechi accepta finalement de lui enseigner son art après moult supplications. Pendant deux ans Tomoyose suivit son enseignement en lui promettant de ne pas le divulguer.
Finalement Tomoyose réussit à convaincre Uechi d’ouvrir un dojo dans le but de perpétuer son art après sa mort.
Uechi enseigna à Wakayama jusqu’en 1947, retourna à Okinawa sur la petite île de Ishima et mourut en 1948.
Kanei Uechi fils étudia dès 1927, enseigna à Hyogo et à Osaka. Il rentra à Okinawa en 1942 et ouvrit un dojo sous l’influence de Ryuko Tomoyose, le fils de Ryuyu Tomoyose. C’est à Fantemna que le premier dojo d’Uechi-ryu fut ouvert à Okinawa.
Kambun Uechi n’enseignait que les katas sanchin, seisan et sanseiryu. Kanei introduisit les katas kanshiwa, seiryu, kanshu, kanshin, et seichin. Ce dernier est décédé en 1991 à l’âge de 80 ans. C’est son fils Kanmei, né en 1941 qui est actuellement Soké (à la tête de ce style). Le durcissement du corps est primordial dans ce style. Le règlement actuel des compétitions est très proche de celles du Kyokushinkaï, Shidokan, Seidokan, etc… car il permet de frapper sans protections dans les jambes et au corps. Les coups de pied au visage sont autorisés mais ils doivent être contrôlés. On peut également saisir et de continuer le combat au sol. C’est ainsi un Karaté de type « Ateru », en opposition au « Sudome » Karaté où l’on retient les coups (Shotokan. Wado-ryu, Shito-ryu, etc…). C’est un des rares styles d’Okinawa ayant gardé son aspect originel. En effet, descendant directement du Pangai noon chinois, il n’a subit que très peu d’influence de la part des autres styles d’Okinawa. Exporté ensuite au Japon, et dans le monde, il est resté très près de ses sources.






Édité le 03.04.2013